dimanche 29 novembre 2009

Le jour de votre nom

Le jour de votre nom - Olivier Sebban
Publié par les éditions du Seuil en août 2009.

Traqué par son beau-père, Alvaro Diaz n'a d'autre solution que d'abandonner sa femme et ses deux enfants et de fuir en France, traversant à pied les Pyrénées. Il emporte avec lui un carnet écrit par sa soeur Esther, qui retrace la vie de leur père, Isaac Diaz. Alvaro apprend ainsi que son père s'appelait en réalité Isaac Alvarez, qu'il a fui Tanger en abandonnant sa femme et qu'il s'est reconstruit une autre vie sous une identité nouvelle. Cette découverte, mise en parallèle avec sa propre vie, va profondément ébranler Alvaro dans sa fuite et le fragiliser lors de son séjour dans le camp de Gurs, en France, où l'ont conduit les autorités françaises après son arrestation à la frontière.

J'avais noté ce livre d'Olivier Sebban à l'occasion de sa visite dans l'émission de Katleen Even sur France-Inter, l'Humeur vagabonde.
Aussi, lorsque je l'ai découvert dans la liste de la 6ème édition de Masse Critique organisée par Babelio, je n'ai pas hésité à le choisir. Mais la lecture en a été assez ardue, pour plusieurs raisons.
La première est sans doute mon état d'esprit à ce moment-là : tracassée par une ambiance professionnelle de plus en plus pénible, j'aurais eu besoin de légèreté et de fantaisie, tout le contraire de cette histoire !
Les autres raisons sont liées à ce livre : d'abord, un récit qui navigue au gré de la mémoire d'Alvaro et de sa lecture du carnet. Il n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Et puis, absolument aucun espoir ne surgit de cette histoire terrible, installée dans une période tourmentée, qui va de la guerre d'Espagne au conflit franco-allemand de 39-45, et qui transporte le lecteur de l'Espagne franquiste aux camps français où ont été parqués les exilés espagnols, puis dans la région toulousaine où le héros évadé rejoint un réseau de résistance.

Malgré tout, j'ai quand même apprécié la réflexion sur l'identité qui occupe une grande place dans ce roman, suscitée par les questions que se pose Alvaro au fur et à mesure de la lecture du carnet écrit par sa soeur.

Je reviendrai certainement vers ce livre quand j'aurai moi-même retrouvé plus de sérénité.


Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.



D'autres avis chez Antigone et Hélène.

Le premier chapitre est accessible sur le site de l'éditeur.
.

dimanche 22 novembre 2009

Dans le café de la jeunesse perdue


Dans le café de la jeunesse perdue - Patrick Modiano
Éditions Gallimard - 2007

Le café de la jeunesse perdue, c'est le Condé, à l'Odéon. C'est un jeune étudiant à l'école des Mines qui nous le fait découvrir, avec ses habitués, Tarzan, Jean-Michel, Fred et la Houpa, et bien d'autres. Et puis, Louki, une jeune fille dont l'étudiant sait peu de choses. Elle apparaît pourtant sur les clichés qu'un photographe a rassemblé dans un album, consacré à Paris. Et puis, sa présence au Condé figure également dans le carnet de Bowing, preuve qu'elle a bien fréquenté le café à cette époque.

L'un des membres du groupe, Bowing, celui que nous appelions "le Capitaine", s'était lancé dans une entreprise que les autres avaient approuvée. Il notait depuis bientôt trois ans les noms des clients du Condé, au fur et à mesure de leur arrivée, avec, chaque fois, la date et l'heure exacte. Il avait chargé deux de ses amis de la même tâche au Bouquet et à la Pergola, qui restaient ouverts toute la nuit. Malheureusement, dans ces deux cafés, les clients ne voulaient pas toujours dire leur nom. (Page 18)

L'étudiant a beau avoir rencontré Louki par hasard avenue de la Grande Armée et l'avoir accompagnée jusqu'à la Porte Maillot, il n'en a pas appris davantage sur elle. Pour lui, elle a conservé tout son mystère. Nous en apprenons davantage grâce à Caisley, un ancien policier devenu détective privé. Jean-Pierre Choureau l'a chargé de retrouver sa femme, Jacqueline, née Delanque, qui a disparu du domicile conjugal. Son enquête minutieuse va nous éclairer un peu sur la trajectoire de la jeune femme, de l'avenue Rachel, dans le 18ème arrondissement, où elle vivait avec sa mère, jusqu'au Condé, où elle est devenue Louki.
Puis c'est Jacqueline elle-même qui revient sur son enfance près du Moulin-Rouge, où sa mère travaillait le soir. Profitant de son absence, elle sortait dans le quartier et même plus loin, ce qui lui avait valu d'être emmenée une ou deux fois au commissariat, où sa fugue avait été notée dans la main courante. C'est ainsi que des années plus tard, Caisley remontera la piste fragile de Jacqueline à Louki.
Finalement c'est Roland, le "brun à la veste de daim" du carnet de Bowing qui va nous permettre de relier tous ces fragments de la vie de Jacqueline, lui qui a partagé un moment de sa vie mais qui n'en savait pas assez pour la protéger jusqu'au bout.

Je ne me lasse jamais de ces romans de Patrick Modiano, situés dans un Paris d'une autre époque. A la suite de ses personnages, ombres fugaces décrites en quelques phrases ou bien figures majeures du roman, nous parcourons les différents quartiers de la capitale, bien loin de la réalité grouillante et saturée qu'elle est devenue.

Ces histoires, toujours identiques et en même temps si différentes, font surgir un autre temps, comme le ferait un film en noir et blanc et nous donnent à partager quelques instants de la vie de ces héros et héroïnes bien attachants, même s'ils disparaissent de nos mémoires, dès le livre refermé... Qu'importe, le plaisir de lecture est toujours là.

Les avis de Kate, Stéphanie qui propose une mini-interview de l'auteur, Bernard qui a été déçu, Leiloona, Mag, Bookomaton.

Sur le site des éditions Gallimard, une vidéo de Patrick Modiano.
.

mercredi 18 novembre 2009

Mille soleils splendides

Mille soleils splendides - Khaled Hosseini
Éditions Belfond (2007)
Traduit de l'américain par Valérie Bourgeois.


Mariam, vit avec sa mère dans une misérable cabane à l'écart de la ville d'Herat, où son père, Jalil, est le riche propriétaire du cinéma. Pourvu déjà de trois épouses et de nombreux enfants, il n'a pas voulu reconnaître la fillette. A la mort de la mère, Jalil arrange un mariage entre Mariam et Rachid, un coordonnier de Kaboul, plus âgé qu'elle d'au moins trente ans.
Rachid, qui souhaite avoir un fils, assure dans les premiers temps à Mariam des conditions de vie correctes, lui faisant découvrir la ville, bien nouvelle pour elle. Mais très vite, l'impossibilité pour Mariam de mener à bien une grossesse réveille chez Rachid le mépris pour celle qui n'est qu'une "harami", une bâtarde, et la vie de Mariam devient celle d'une esclave, soumise à la violence de son mari.
En 1978, alors qu'éclate le coup d'état communiste qui va renverser le régime de Daoud khan, nait une petite fille, Laila, chez des voisins de Mariam et Rachid. Cette enfant, peu aimée par sa mère dépressive, est choyée par son père, qui a une vision moderne de son avenir et souhaite qu'elle fasse des études. Laila est soutenue par la présence de Tariq, son ami d'enfance. Mais l'invasion soviétique et la guerre qui s'ensuit plonge Kaboul et tout le pays dans le chaos. Lors d'un bombardement, les parents de Laila sont tués et elle est gravement blessée. Mariam et Rachid la recueillent et la soignent. Rachid, qui à soixante ans, n'a pas renoncé à son désir d'un fils, propose à Laila de l'épouser. Pour se sortir d'une situation désespérée lorsqu'elle apprend la mort de Tariq, Laila accepte. Quelques mois plus tard, elle met au monde une petite fille. Au fil du temps, les relations difficiles entre les deux femmes vont s'apaiser et laisser place à une grande affection et à une solidarité face à un époux violent et haineux, d'une part, et à une existence de plus en plus précaire, dans la ville assiégée et affamée, d'autre part.

Comme "Les cerfs-volants de Kaboul", ce livre de Khaled Hosseini propose un aspect documentaire très intéressant sur l'histoire récente de l'Afghanistan, de l'ancien régime à l'invasion soviétique puis l'arrivée des Talibans. C'est aussi une démonstration appuyée de l'évolution de la condition féminine dans ce pays, qui suscite la compassion pour ces femmes meurtries et baillonnées par des lois archaïques.
L'histoire qui est racontée ici est d'une grande force dramatique, mais je l'ai trouvée affadie par un style plat et sans passion. Et le simili happy-end m'a laissée dubitative, comme si l'auteur n'avait pas su trancher sur la fin qu'il voulait donner à ce roman. La quatrième partie qui raconte le retour à Kaboul de Laila avec ses enfants et la reprise d'une vie "normale" est soit trop expédiée, car il aurait fallu y intégrer davantage l'aspect documentaire et politique, pour lui donner un intérêt, soit trop diluée si elle est seulement prétexte à terminer l'histoire de Mariam sur une note rédemptrice.

En résumé, une petite déception, même si l'intérêt documentaire est certain et le sujet poignant.

Le site des éditions Belfond propose de feuilleter les premières pages.
Des avis plus enthousiastes chez Ambre, Lili, Florinette, Solenn et un peu moins chez Emeraude.



Lu dans le cadre d'Objectif Pal : 6/61 depuis début septembre !

J'ai enfin réussi à faire le décompte de ma PAL et je ne suis pas très fière du résultat. Je ne m'attendais pas à avoir autant de livres non lus !



.