mercredi 20 octobre 2010

Élegie pour un Américain

Élégie pour un Américain - Siri Hutstvedt
Actes Sud (2008)
Traduit de l'américain par Christine Le Boeuf


Lars Davidsen, dont la famille est d'origine norvégienne vient de mourir. Son fils Erik et sa fille Inga ont découvert dans ses papiers une lettre d'une certaine Lisa, datée de 1937, dont le contenu est pour eux une intrigue :
"Cher Lars, je sais que tu ne diras jamais rien de ce qui s'est passé. Nous l'avons juré sur la BIBLE. Ça ne peut plus avoir d'importance maintenant qu'elle est au ciel, ni pour ceux qui sont ici sur terre. J'ai confiance en ta promesse. Lisa."
Qui est cette femme et de quelle morte est-il question ? Quel est ce secret dont personne ne sait rien ? Erik va tenter de le découvrir en lisant les journaux intimes laissés par son père, qu'il a tenus minutieusement tout au long de sa vie. Comme Erik est psychanalyste à New York, cette plongée dans la vie de son père prend un tour à la fois personnel et professionnel. Parallèlement à cette lecture, le cours tranquille de sa vie de divorcé est un peu chahuté par l'installation de deux nouvelles locataires dans sa maison : Miranda, une jeune femme d'une trentaine d'années, est graphiste et vit seule avec sa fille de six ans, Églantine, avec laquelle Erik établit rapidement une relation de confiance. Attiré par Miranda, il découvre qu'elle est harcelée par un mystérieux photographe qui dépose des photos inquiétantes sur le perron de la maison.
Erik tente également d'aider sa soeur Inga et la fille de celle-ci, Sonia, une adolescente traumatisée par les évènements du 11 septembre 2001. Inga a perdu son mari, Max, décédé d'un cancer et éprouve beaucoup de difficultés à surmonter son veuvage, d'autant que la prochaine parution d'une biographie consacrée à Max la soumet à l'attitude inquisitrice d'une journaliste, qu'elle cherche à éviter.


Ce n'est pas un livre facile, avec ses multiples personnages, dont nous suivons des fragments de vie au fil des pages : les parents et grand-parents d'Erik et Inga, à travers les journaux du père et les souvenirs qui remontent à la mémoire d'Erik au fur et à mesure, la famille éloignée qu'ils vont solliciter afin de comprendre le mystère de la lettre, les patients d'Erik qui enrichissent cette histoire avec leurs problèmes et leurs difficultés, Miranda et Églantine, les deux voisines aux prises avec le photographe, ainsi que les amis d'Inga qui gravitent autour d'elle, sans qu'elle sache qui d'elle ou de son défunt mari les intéresse réellement.

J'ai aimé ce livre de Siri Hustvedt, comme j'avais aimé ses autres romans lus auparavant. L'auteur sait à merveille créer un univers, une ambiance et j'ai vraiment été intéressée par la vision qu'elle propose de l'exercice de la psychanalyse, la façon dont les consultations d'Erik interfèrent avec sa propre vie et ses questionnements, les doutes qui surgissent et la fragilité de l'homme qui apparaît derrière l'enveloppe du professionnel. Elle rend perceptible la façon dont l'agressivité de certains patients s'exerce contre le médecin et combien il est difficile de s'en protéger. La redécouverte du père, au fil de ses écrits et lorsque le mystère de la lettre se lève, est très émouvante et constitue une source d'apaisement pour Erik et Inga, les rendant plus forts et plus aptes à profiter de la vie.
Encore une fois, un très beau moment de lecture...

Les avis de PapillonMalice, Cachou, Mango et Jules.
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1 commentaire:

  1. Je suis d'accord avec toi, les livres de Siri Hustvedt ne sont jamais faciles, mais ils ont des thèmes dont on peut facilement reconnaître. Moi aussi je l'ai aimé bien, quoique en norvégien.

    Bonne journée à toi!

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