samedi 28 mai 2011

Sorcière

Sorcière - Anton Tchekhov
suivi de Jour de fête
Edition de l'Herne (2010)
Nouvelles traduites du russe par Françoise Darnal-Lesné.


C'est un tout petit livre paru dans la collection Carnets, à la fois par le nombre de pages (105) et par les dimensions (10,8 cm x 16,3 cm). Il se compose de deux nouvelles, dont la première donne son nom au livre, et qui présentent, chacune à sa façon, un épisode de la vie d'un couple dans la Russie du 19ème siècle.

Sorcière met en scène un couple de sacristains, dans une petite maison perdue dans la tempête de neige qui s'abat sur la région. Malgré les conditions extrêmes, la diligence de la poste a réussi à se frayer un chemin à travers les congères et les deux postiers réclament l'hospitalité au sacristain pour une brêve pause leur permettant de se réchauffer, avant de poursuivre leur route. La sacristaine aimerait bien les retenir un peu, et faire plus ample connaissance avec le postillon mais son mari est persuadé qu'elle utilise des pouvoirs de sorcière pour créer ces conditions météorologiques et attirer ainsi des hommes dans ses filets.

En moins de trente pages, ce conte nous plonge dans la froidure du grand Nord et on y croit presque à cette sorcière qui manipulerait les élements et les hommes ! On pourrait plaindre ce pauvre sacristain, impuissant face aux pouvoirs de sa femme, s'il n'était pas aussi vélléitaire, aussi prompt à critiquer sa femme qu'à se réfugier ensuite sous ses draps.

Dans l'autre nouvelle, Jour de fête, l'ambiance est tout autre. Par un chaud jour d'été, Piëtr Dimitritch et sa femme Olga Mikhaïlovna reçoivent des amis dans leur magnifique domaine, dans une campagne riche et accueillante. Mais Olga Mikhaïlovna est enceinte de sept mois et n'aspire qu'à se reposer, loin du tumulte et de la chaleur étouffante. Son mari, plus occupé à faire le joli-coeur auprès de ses invitées, ne lui est d'aucun soutien, attisant sa jalousie et sa rancoeur. Les malentendus et les non-dits s'accumulent, le drame n'est pas loin.

Dans ces deux histoires très courtes et bien différentes, il y a un absent commun, c'est le bonheur conjugal ! Mais aucun de ces hommes et ces femmes n'a vraiment suscité ma compassion, tant leurs pensées profondes attirent peu la sympathie. Les hommes sont faibles et lâches, Olga Mikhaïlovna est soumise au maintien des apparences et préfère se plaindre en silence. Finalement, c'est encore la sacristaine qui m'a semblé la plus intéressante, capable de s'opposer dans une certaine limite à la médiocrité de son mari.

C'est la première oeuvre d'Anton Tchekhov que je découvre, grâce à l'opération Masse Critique.

Merci à Babélio et aux éditions de l'Herne pour cet envoi.

dimanche 22 mai 2011

Les heures silencieuses

Les heures silencieuses - Gaëlle Josse
Editions Autrement (2011)

C'est un tableau d'Emmanuel de Witte, peintre hollandais du 17ème siècle, qui représente l'intérieur d'une maison. Dans la pièce la plus proche, une chambre, une femme est assise, de dos, à son épinette. Dans les pièces en enfilade, on aperçoit au fond une servante qui balaye. Le tout est baigné de cette lumière si caractéristique des tableaux de l'école hollandaise, si paisible et si douce.

Dans ce livre, Gaëlle Josse donne vie à la femme du tableau. Il s'agit de Magdalena, fille ainée de Cornelis Van Leeuwenbroek, ancien armateur et administrateur de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Faute d'héritier mâle, c'est Pieter Van Beyeren, le mari de Magdalena, qui lui a succédé. 
Dans son journal intime, du 12 novembre au 16 décembre 1667, Magdalena se souvient de son enfance, marquée par une tragédie qu'elle ne peut se pardonner. Elle raconte sa jeunesse quand elle accompagnait son père à Rotterdam, à l'arrivée des bateaux qui revenaient d'Asie. Elle dit ses regrets de n'avoir pu continuer à travailler avec lui, ce n'était pas la place des femmes.  Elle évoque les bonheurs de sa vie de femme et de mère, la douleur de la perte des enfants et le danger des grossesses rapprochées. Son mari a pris la décision de ne plus l'approcher, afin de ne plus lui faire courir les risques d'un accouchement difficile. Magdalena se retrouve désemparée, à trente-six ans, face à la perspective d'innombrables nuits de solitude. La journée, elle cherche le réconfort dans la musique, assise devant son épinette et c'est ainsi qu'elle a voulu être peinte.

Ce livre est un petit bijou. Je l'ai découvert grâce à la recommandation de mon libraire et j'ai été enchantée par ce texte, après avoir été attirée par le tableau en couverture. J'y ai trouvé une écriture délicate, retenue, et pourtant la femme qui parle pourrait se laisser aller au désespoir. Mais elle préfère évoquer avec beaucoup de pudeur les multiples bonheurs de son existence et y puiser du courage pour les jours à venir, que l'on soupçonne sans joie.
Une lecture trop courte, hélas, tant on voudrait rester encore dans cette chambre et écouter ces mots d'une autre époque.

A consulter : Les billets de Chaplum, Fiolof et de Joël du Biblioblog et l'interview de Gaëlle Josse sur le site de Bibliosurf.
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lundi 9 mai 2011

A la une, à la deux, à la mort

A la une, à la deux, à la mort - Janet Evanovich
Editions Payot & Rivages (2000)
Traduit de l'américain par Philippe Loubat-Delranc


Stéphanie Plum aurait dû suivre son intuition quand son patron et cousin, Vincent Plum, lui a proposé de retrouver Moïse Bedenier qui ne s'est pas présenté à l'audience du tribunal. Elle savait déjà qu'elle aurait à dos tout les habitants du Bourg, ce quartier résidentiel de Trenton. En effet, Oncle Mo, vendeur de glaces et de bonbons depuis toujours, a vu tous les enfants du Bourg défiler dans sa boutique et personne ne pourrait croire qu'il a fait quelque chose de répréhensible. 
C'est en trainant les pieds que Stéphanie se rend chez Oncle Mo, pour trouver la boutique vide. Il n'y a personne non plus dans son appartement et les proches de Mo ne peuvent donner aucun renseignement à son sujet. Bizarrement, plusieurs cadavres de trafiquants de drogues apparaissent dans des endroits variés, y compris sur le pare-brise de la voiture de Lula, qui apporte son aide à Stéphanie. Même ceux retrouvés dans la cave d'Oncle Mo n'entament pas le potentiel de sympathie du voisinage à son égard. Et Stéphanie commence à mourir de trouille quand les menaces d'un groupe d'hommes armés et cagoulés se précisent dangereusement à son égard.

Contrairement aux deux premiers épisodes des aventures de Stéphanie Plum, j'ai trouvé que la recherche du Défaut De Comparution était plus consistante, que l'intrigue était mieux construite et pas uniquement prétexte aux situations burlesques entre les différents protagonistes.
Cette fois, c'est Lula, l'ancienne prostituée, qui sert d'assistante à Stéphanie, et question gaffes, elle est en bonne voie pour prendre la succession de Mamie Mazur ! Ranger, le chasseur de primes professionnel, est plus présent, preuve que l'affaire est digne d'intérêt ! Morelli, quant à lui, toujours dans les parages et plus flic que jamais, prend ses distances, ce qui inquiète Stéphanie, la vexe un peu mais la conduit à s'interroger sur leurs sentiments réciproques.
Néanmoins, notre chasseuse de primes bataille toujours avec ses voitures et nous fait partager comme d'habitude la composition de ses repas et le détail de ses tenues vestimentaires. Donc pas d'inquiétude, l'essentiel est là !

Les avis de Petite Fleur, Tamara, Papillon, Karine.
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lundi 2 mai 2011

Quand souffle le vent du nord

Quand souffle le vent du nord - Daniel Glattauer
Grasset (2010)
Traduit de l'allemand par Anne-Sophie Anglaret


Emmi Rothner adresse par erreur son mail de résiliation d'un abonnement à un inconnu, qui lui répond. Entre Emmi et Leo s'installe un échange, d'abord poli et amusé, puis cordial, amical jusqu'à devenir passionné. Pourtant Emmi est mariée, déclare être heureuse et aimer son mari. Leo sort d'un chagrin d'amour et a du mal à tourner la page. Très vite, ils deviennent dépendants de cette relation à distance, se livrent et se dissimulent, repoussant toujours l'instant de la rencontre ou lui fixant des règles très strictes lorsqu'ils se décident à franchir le pas.

A sa sortie j'avais suivi avec intérêt l'engouement qu'avait provoqué ce livre sur les blogs de lecture mais n'avais pas eu l'occasion de le trouver à la bibliothèque. Puisque la suite de l'histoire est parue et qu'elle semble également enthousiasmer ses lecteurs, j'ai décidé de me lancer et de commencer par ce premier épisode.

Au début, j'ai été amusée par la tournure des évènements, j'ai trouvé les premiers échanges brillants et pleins de fantaisie. Et puis, je me suis lassée, surtout agacée par le marivaudage auquel se livre Emmi, par sa propension à entraîner Leo sur des chemins où il n'a pas forcément envie d'aller. Par moment, c'est une insupportable coquette, elle ne sait pas ce qu'elle veut, rencontrer Leo, ne pas le rencontrer. Puis, lorsque la rencontre a eu lieu, sans en être vraiment une, leurs tentatives pour essayer de s'identifier mutuellement m'ont paru très ennuyeuses et j'ai failli abandonner. Par curiosité et parce que Leo a malgré tout su me charmer, j'ai continué et je dois dire que la fin m'a bien plu : enfin, quelqu'un qui prend une décision et qui s'y tient !

Enfin, une décision pas si irrémédiable puisqu'il y a une suite ! Mais je suis pas prête à la lire pour l'instant, je vais laisser passer un peu de temps, jusqu'à ce que l'envie de relire la plume de Leo efface la déception causée globalement par ce livre.

Au delà de ces quelques reproches, je crois que c'est la forme de ce livre qui m'a empêchée de l'apprécier. En effet, dans une lecture, au delà d'une histoire, je recherche une ambiance, un ressenti, des impressions. Ici, j'ai trouvé seulement des dialogues, certes parfois étoffés, sincères et profonds mais souvent rapides, superficiels et inutiles qui n'ont pas réussi à créer un climat propice à l'imagination, en ce qui me concerne !

Quelques avis : Par exemple chez Stephie, Sophie, Dedale du Biblioblog et Leiloona.

Grâce à cette lecture, je peux enfin participer au défi Voisins Voisines proposé par Kathel, pour l'Autriche.
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