mardi 24 avril 2012

Le dévouement du suspect X

Le dévouement du suspect X - Keigo Higashino
Actes Sud (2011)
Traduit du japonais par Sophie Refle

Yasuko est divorcée depuis cinq ans et vit avec sa fille adolescente, Misato. Elle travaille comme vendeuse chez un traiteur, qui n'a pas manqué de remarquer l'assiduité d'Ishigami, le voisin de Yasuko, qui est professeur de mathématiques, et vient, comme par hasard uniquement les jours où la jeune femme est présente à la boutique, acheter son déjeuner avant de se rendre au lycée. 
Harcelée à plusieurs reprises par son ex-mari qui lui réclame de l'argent, Yasuko a dû déménager afin de le semer. Mais Togashi a retrouvé sa trace, a tenté de l'intimider à la boutique puis l'a suivie jusque chez elle. Cette fois-ci, leur altercation tourne mal et pour protéger sa fille, Yasuko tue son ex-mari. Ishigami, qui a entendu les cris, la convainc de ne pas appeler la police, l'aide à se débarrasser du corps et à se constituer un alibi. Il la conseille sur le comportement qu'elle et Misato doivent adopter face à la police qui ne va pas manquer de les soupçonner.

Comme le lecteur connait l'identité de l'assassin, l'intrigue de ce roman se situe à un autre niveau : Ishigami réussira-t-il à éviter que la police découvre l'identité du tueur de Togashi ? Yasuto saura-t-elle résister à la pression de l'enquête, d'autant que l'inspecteur Kusanagi trouve un allié précieux en la personne d'un chercheur en physique de l'université. Celui-ci est un ancien camarade d'Ishigami et les deux hommes sont amenés à se retrouver et à confronter leurs théories respectives sur les péripéties de l'enquête.

J'ai dévoré ce roman policier à la faveur de quelques jours de congés et je me suis régalée ! Loin d'un polar traditionnel, genre dont je ne suis pas particulièrement fan, car souvent les intrigues me paraissent trop compliquées à suivre, ce livre, grâce à ses digressions logiques exposées par les deux scientifiques, m'a captivée. J'étais bien loin de me douter de la chute que je n'avais pas vu venir. La surprise n'en a été que plus appréciable !

D'autres avis sur ce livre : Ceux de Michel, Skriban et Lewerentz.

Découvrez un extrait sur le site d'Actes Sud.
.

mardi 17 avril 2012

La grande Maison

La grande maisonNicole Krauss
Éditions de l’Olivier (2011)
Traduit de l’anglais par Paule Guivarch


C’est un énorme bureau, à dix-neuf tiroirs, qui passe au fil du roman entre diverses mains. Pour chacun de ses dépositaires, il représente un symbole, une force ou un mystère. Il établit un lien entre plusieurs histoires, entre des personnages qui sans lui ne se seraient sans doute jamais rencontrés, mais qui grâce à lui se racontent, se souviennent et témoignent, chacun à sa façon, combien la vie peut être complexe.

J’avais beaucoup aimé L’histoire de l’amour, autre roman de Nicole Krauss, qui était lui aussi constitué de plusieurs histoires qui s’imbriquaient autour d’un livre lui-même appelé L’histoire de l’amour. Je n’ai pas retrouvé le même élan d’émotions dans La grande maison et pourtant les thèmes abordés sont toujours aussi prenants : D'où vient l'inspiration et que faire lorsque sa source se tarit, comment aimer ses enfants et les aider à progresser sans les étouffer, a-t-on jamais la certitude d'avoir compris celui ou celle avec qui on a passé toute sa vie, comment survivre à la Shoah, ce sont, entre autres, quelques-unes des questions qui émergent de ce livre. des histoires sur la vie qui s’écoule et la mort toujours présente, familière ou redoutée.

En fait, il me semble qu’il faudrait consacrer beaucoup de temps à ce roman afin de comprendre toutes les clés que l’auteur a voulu suggérer, explorer toutes les pistes qui relient les personnages, comprendre les non-dits et les indices. Peut-être y reviendrai-je une autre fois !

Les avis de Papillon, Clara, Alain et de Marimile.  

Je vous conseille de regarder la vidéo proposée par les éditions Mollat. L'auteur y explique comment elle construit ses livres, comment elle utilise ses expériences personnelles pour alimenter son inspiration. Elle parle bien sûr de ce roman qui mérite d'être découvert.
.

lundi 9 avril 2012

Les guichets du Louvre

Les guichets du Louvre - Roger Boussinot
Gaïa éditions (1999)

Alors qu'il s'apprête à regagner Bordeaux pour les vacances, un jeune étudiant parisien accepte une mission confiée par Favard, une vague connaissance. D'après celui-ci, en ce 16 juillet 1942, la police française a décidé d'arrêter massivement les juifs dans quelques quartiers de la rive gauche. Il doit tenter d'en sauver quelques-uns, tout faire pour les emmener passer la journée sur l'autre rive de la Seine, les éloigner pour leur éviter l'arrestation.
Dès son arrivée dans le quartier qui lui a été assigné, l'étudiant est témoin des arrestations mais il ne sait comment aborder les personnes qu'il veut sauver, tellement peu sûr de lui qu'il se sent incapable de les convaincre du danger qui les menace et de l'aide qu'il peut apporter.
Puis, il rencontre une jeune fille, d'un âge voisin du sien et cette proximité lui donne plus d'assurance et d'autorité. Grâce à elle, il a l'occasion d'entrer chez des gens, qui prévenus par la police, ont préparé leurs valise et attendent qu'on vienne les chercher. Après qu'elle a accepté d'enlever son étoile jaune, il tente de la persuader de passer la Seine, d'aller au delà des guichets du Louvre.

Ensuite, ce fut un jeu de chat et de la souris qui dura presque trois heures, dans un dédale de rues que je ne connaissais pas et où il arriva que nous nous perdîmes ; dans les cours, les arrière-cours, les portes cochères et surtout les escaliers d'immeubles, avec toutefois cette particularité angoissante que nous étions seuls au monde et les policiers peut-être mille - mais en revanche cet avantage que les chats ne savaient pas que nous étions des souris.  (page 79)
Ce récit de Roger Boussinot est un témoignage précieux sur cette journée de la rafle du Vel d'hiv, vue avec les yeux naïfs d'un jeune homme, qui n'a pas immédiatement compris l'importance de l'évènement. Par la suite, son témoignage eut à subir plusieurs censures. D'abord la difficulté pour lui de retracer ce qu'il avait vécu, puis la première publication dans les années 60, alors qu'il était surtout question dans ces années-là d'oublier certains épisodes de l'occupation et enfin la chute dans l'oubli, alors que l'éditeur refusait de rééditer ce livre, malgré l'intérêt que commençait à susciter cette période.

Merci à Babelio et aux éditions Gaïa pour l'envoi de ce livre lu dans le cadre de l'opération Masse Critique.

tous les livres sur Babelio.com
.