mardi 12 juin 2012

La maison où je suis mort autrefois


La Maison où je suis mort autrefoisKeigo Higashino
Actes Sud (2010)
Traduction du japonais par Yutaka Makino

A la faveur d’une réunion d’anciens élèves du lycée qu’ils ont fréquenté, le narrateur retrouve Sakaya, qui a été sa petite amie pendant six années. Depuis, ils se sont séparés, elle s’est mariée et a eu une petite fille. Quelques jours plus tard, Sakaya lui demande un service : Son père, mort un an auparavant, lui a laissé un plan et une clé. Sakaya voudrait que le narrateur l’aide à localiser l’endroit indiqué sur le plan et à comprendre ce qui se cache derrière ce mystère, d’autant qu’elle n’a aucun souvenir de sa petite enfance. Après quelques hésitations, le narrateur accepte et voilà le jeune couple parti à la recherche de la maison. Nichée au fond des bois, elle est une véritable énigme : Tout y est étrange, la porte d’entrée principale est condamnée et il faut s’y introduire par le sous-sol. On dirait que rien n’a bougé depuis des années, la poussière s’est accumulée mais les meubles et les affaires personnelles de la famille qui y a vécu sont encore en place. Toutes les pendules sont arrêtées à la même heure, la maison n’est raccordée ni au réseau électrique ni à l’eau courante. En fouillant dans la chambre d’enfant, nos héros découvrent le journal écrit par un jeune garçon qui vivait là. Au fil de leur lecture, ils s’imprègnent des évènements qui se sont déroulés dans cette maison. Sakaya, petit à petit, se souvient être venue là, ce que confirme le journal. Mais pourquoi semble-t-il manquer une pièce et surtout pourquoi l’orientation de la maison est-elle en complète contradiction avec ce qu’a écrit l’enfant.

C’est une histoire étrange et terrible que vont exhumer les deux héros. Sakaya, qui a tout oublié de sa petite enfance, va découvrir pourquoi ses parents étaient si réticents à lui parler du passé, pourquoi ils n’avaient aucune photo de cette époque. Elle va surtout comprendre pourquoi elle maltraite son propre enfant et se libérer de la culpabilité qui l’étreint. 
Même s’il n’est pas directement impliqué, le narrateur est ébranlé par l’ambiance inquiétante qui règne dans la maison et qu’exacerbe la lecture du journal. Au fur et à mesure des découvertes qu’ils vont faire, les questions de sa propre enfance redeviennent très présentes, lui qui est un enfant adopté, mais qui a eu la chance de le savoir très tôt dans son existence. Il perçoit le désarroi de son amie et l’aide à lever le mystère de la maison des bois et de ceux qui y ont vécu.
Au fil de l’histoire, l’ambiance change et devient oppressante. Les hypothèses échafaudées par le narrateur ou par le lecteur au vu des indices fournis par le journal sont parfois exagérées et contribuent à la montée de l’angoisse. Et même si la vérité permet à l’héroïne d’échapper à ses démons, le malaise a persisté un moment chez moi après cette lecture, que je recommande volontiers.  

Un extrait que j'aime beaucoup, où le narrateur décrit ses premières impressions de Sakaya (page 138-139) :
Nous nous étions rencontrés parce que nous nous étions retrouvés dans la même classe en deuxième année de lycée. Je ne la connaissais pas avant. C’était une fille ordinaire, que l’on ne remarquait pas. C’est du moins ce que je pensais d’elle. Mais nous étions assis l’un à côté de l’autre et, quand nous avions commencé à parler, j’avais découvert que l’impression que j’avais d’elle était fausse.
Elle ne chahutait pas et ne criait pas sans raison comme la plupart des filles. Elle se tenait toujours en retrait, donnant l’impression d’observer pensivement ce qui se passait autour d’elle. Au début j’avais cru qu’elle était timide, mais je m’étais vite rendu compte que ce n’était pas le cas. Ses yeux, lorsqu’elle regardait ses camarades rire bêtement, étaient semblables à ceux d’un scientifique observant des animaux de laboratoire. Un peu comme si elle était spectatrice d’une pièce de théâtre intitulée « La Deuxième Année de lycée ». En fait, elle ne tentait jamais de monter sur scène. Son aspect enfantin était  en parfait décalage avec sa personnalité.
 Les premières pages sont à découvrir sur le site d’Actes Sud.

Les avis de Lily, Michel, Cécile et Pierre C
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