jeudi 30 janvier 2014

Écrivains à la radio (1)

J’ai eu l’occasion d’écouter plusieurs émissions sur France-Inter ces derniers temps consacrées à la littérature, évoquant des auteurs disparus ou accueillant des écrivains bien vivants.



 Ainsi, Zoé Varier, dans l’heure des rêveurs chaque vendredi à 20h depuis le 10 janvier, s’est intéressée à Lewis Caroll et à Alice au pays des merveilles, et elle a fait appel successivement à Susie Morgenstern, Jean-Jacques Lecercle et Jacques Roubaud pour nous en parler.

A ré-écouter ici, et puis .





Dimanche 26 janvier, Cosmopolitaine de Paula Jacques diffusait la soirée consacrée à Doris Lessing, enregistrée au théâtre de l’Odéon.
En compagnie de Paule Constant et de Dominique Blanc, elle retrace la vie et l’œuvre de la lauréate du prix Nobel de littérature 2007.
Une heure d’émission, c’est bien court pour évoquer une vie si bien remplie et je n’ai pas vu le temps passer ! 
A ré-écouter ici, pour découvrir Doris Lessing, si ce n’est pas déjà fait et avoir envie de se (re)plonger dans ses livres !


Et puis, cette semaine, j’ai suivi avec beaucoup de plaisir L’humeur vagabonde du 28 janvier où Kathleen Evin recevait Maylis de Kérangal, à l’occasion de la parution de son dernier roman, Réparer les vivants.

Retrouvez leur entretien ici.

jeudi 23 janvier 2014

Promets-moi

Promets-moi - Harlan Coben
Belfond (2007)
Traduit de l'américain par  Roxane Azimi.

Parce qu’il a surpris une conversation entre deux adolescentes, Myron Bolitar leur a fait promettre de ne jamais monter en voiture avec un chauffeur éméché, mais de l’appeler, lui, à n’importe quelle heure et il viendrait les chercher. Trois semaines plus tard, lorsqu’il reçoit un appel en pleine nuit de l’une d’elles, Aimée Biel, la fille de Claire son amie de lycée, il y va, même si lui-même ce soir-là n’est pas vraiment à jeun. L’adolescente semble avoir des problèmes mais ne veut rien dire et lui fait promettre le silence vis-à-vis de ses parents. Elle ne veut même pas rentrer chez elle et l’oblige à la déposer dans une ruelle sombre, près de la maison d’une amie.
C’est la dernière fois qu’il la voit. Le lendemain, il apprend qu’elle a disparu, que ses parents n’arrivent pas à la joindre au téléphone. Très vite, à partir des relevés des appels téléphoniques, la police s’aperçoit qu’il est mêlé à l’affaire et commence à le soupçonner fortement d’enlèvement. De plus, après avoir téléphoné à Myron, Aimée a retiré de l’argent à un distributeur, le même utilisé quelque temps auparavant par une autre jeune fille, Katie Rochester, qui a disparu juste après, elle aussi. Myron se retrouve donc face à la police, face aux parents d’Aimée qui ne savent que penser, mais aussi face à ceux de Katie. Le père, Dominick Rochester, est beaucoup plus difficile à convaincre de la non-implication de Myron et surtout, il a son propre réseau de gros bras pour l’aider à mener son enquête parallèle, avec ses méthodes bien spéciales.


Ce livre que l’on m’a offert était dans ma PAL depuis un moment. D’Harlan Coben, j’avais lu Ne le dis à personne et j’en avais gardé une impression mitigée : une intrigue au départ bien ficelée mais un style d’écriture que je n’aime pas, au point d’avoir laissé de côté ce Promets-moi pendant plusieurs années.
Il a fallu le challenge Objectif Pal 2014 d’Antigone pour me décider à sortir ce livre de l’étagère où il attendait et cette lecture n’a fait que conforter mes impressions passées. Je n’aime décidément pas le style d’Harlan Coben, même si je reconnais qu’il est très fort pour accrocher son lecteur, puisque je suis malgré tout allée jusqu’au bout de ce livre. J’espérais sans doute qu’un dénouement subtil puisse rattraper des rebondissements multiples et improbables, une histoire alambiquée dont j'ai perdu le fil et déjà presque oublié l’issue.

Seule source de satisfaction : avoir accompli une étape de mon challenge Pal 2014 et pouvoir sans regret faire sortir ce livre de mes étagères, ce qui est un autre challenge personnel pour cette année.

Donc, si malgré cet avis très négatif, quelqu’un est intéressé par un échange - tous les goûts sont dans la nature  et Harlan Coben a ses fans - qu’il ou elle n’hésite pas à se manifester dans les commentaires. Le livre est en bon état.

mercredi 22 janvier 2014

Masse critique n°20

Nouvelle opération Masse critique chez Babelio 
vendredi 24 janvier à partir de 7h00.


Retrouvez les modalités de fonctionnement 
et la liste des livres proposés 
sur le site de Babelio.

jeudi 16 janvier 2014

Noces de neige

Noces de neige - Gaëlle Josse
Éditions Autrement (2013)

Deux histoires se déroulent dans ce livre, dans un train reliant  la France et la Russie, et mettent en scène deux jeunes filles pleines d’espoir, pour qui le bout du voyage doit être synonyme d’une vie nouvelle.
Tout d’abord, Anna Alexandrovna, fille du grand-duc Alexandre Feodorovitch Oulianov, qui, après un hiver passé sur la côte d’Azur, prend place dans les wagons luxueux du Nice-St-Pétersbourg avec sa famille en ce jour de 1881 pour regagner la Russie à l’issue d’un long voyage. Elle a quinze ans, est une cavalière accomplie. Elle sait déjà qu’elle n’est pas belle, et elle est bouleversée par la découverte d’un secret à propos de ses origines. Heureusement, ce retour vers la Russie la ramène vers Dimitri, jeune cadet du Tsar, qui a admiré son allure à cheval et qui lui en a fait le compliment. Alors Anna espère qu’il demandera sa main lorsqu’ils se reverront à St-Pétersbourg.
Plus d’un siècle plus tard, en 2012, c’est Irina qui embarque à Moscou dans le Riviera Express en direction de Nice où elle doit rencontrer le bel Enzo, dont elle a fait connaissance sur Internet. Il lui a envoyé l’argent pour le billet et Irina veut croire à sa sincérité, repoussant les prédictions défavorables de son amie Oksana. Irina connait déjà les mauvais côtés de la vie, le malheur et la misère, elle sait que les propositions de mariage émanant d’inconnus cachent parfois de sombres trafics.  Mais elle est décidée à tenter l’aventure.


J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Gaëlle Josse, que j’avais découverte dans Les heures silencieuses. Elle sait à merveille décrire les lieux confinés, comme ici les compartiments des wagons-lits et en même temps faire percevoir à son lecteur les paysages qui défilent à l’extérieur.

D’une plume sensible et délicate, Gaëlle Josse nous fait partager les pensées intimes des deux jeunes filles au cours du long voyage en train. Toutes deux, elles cherchent l’Amour, en attendent beaucoup et sont prêtes, chacune à sa façon, à faire ce qu'il faut pour l’obtenir. Et puis, elle raconte la Russie d’hier et d’aujourd’hui, avec toujours les conflits armés où meurent les jeunes gens ou dont ils reviennent traumatisés à jamais. Dans le dernier chapitre, comme un épilogue, par la voix de celui qui attend Irina sur le quai de la gare de Nice, Gaëlle Josse ferme la boucle qui relie les deux époques et montre une dernière fois que la recherche d’amour est universelle.

Page 52 :
Le train poursuit son avancée dans la nuit, comme s’il ouvrait la terre droit devant lui, rejetant les ténèbres de part et d’autre de la voie. La nuit est noire, d’un noir dense, serré, d’où toute trace de gris a disparu.
Page 157 :
J’ai rêvé de longues plaines de bouleaux et de troïkas dans la neige, de gestes et de regards furtifs échangés dans les couloirs des palais des bords de la Neva, de bruissements de robes et de serments dérobés, de billets glissés par les servantes et d’éventails agités devant des visages troublés. J’ai rêvé d’amour et d’exil, moi qui n’ai jamais connu l’amour et qui ne suis jamais parti.
D'autres avis sur ce livre : celui de l'Insatiable Charlotte et celui de Clara.

lundi 13 janvier 2014

06h41

06h41 - Jean-Philippe Blondel
Buchet-Chastel (2013)

Certains épisodes de l’enfance ou de l’adolescence peuvent nous marquer à jamais, parce qu’ils nous ont plongés instantanément dans un chaos d’émotions, de honte ou d’humiliation, qui ne s’effaceront jamais. Mais comme il faut bien vivre avec, on met son mouchoir par-dessus, on se blinde et on fait tout pour ne plus y penser. Parfois même, le choc est salutaire, et on se construit sur la réaction, faisant émerger une autre personnalité. Longtemps après, alors qu’on a l’impression d’avoir oublié, il suffit d’une rencontre fortuite pour que les évènements passés remontent à la conscience, faisant ressortir les blessures anciennes mais donnant aussi une occasion de réexaminer les faits avec un œil adulte.

C’est ce qui arrive à Cécile Duffaut, l’héroïne de Jean-Philippe Blondel dans ce livre. Dans le train qui la ramène à Paris, après un week-end passé à Troyes en visite chez ses parents, elle se retrouve assise près de son ancien petit ami, qui l’a larguée sans ménagement presque trente années auparavant.  Depuis, la jeune fille terne et effacée a changé. Elle a réussi professionnellement, a fondé une famille et vit heureuse à Paris. Pour Philippe Leduc, les choses ont tourné différemment : le jeune séducteur d’autrefois a pris du ventre, il a perdu ses cheveux, son couple a sombré et il exerce un travail peu valorisant, il ne contrôle plus grand-chose de sa vie. Alors qu’ils sont assis dans le train, l’un à côté de l’autre, faisant mine de ne pas s’être reconnus, les souvenirs affluent et chacun revit dans sa tête le chemin parcouru.

Quand j’ai démarré la lecture de ce livre, j’étais encore sur l’impression que m’avait procuré Et rester vivant du même auteur, et j’ai dans un premier temps été un peu déçue. Ce livre-ci n’a pas la même force, on y sent moins la patte personnelle de l’auteur. Mais, après quelques jours, je me suis davantage projetée dans ce livre, dans ce qu’il raconte sur la fin de l’adolescence, sur les blessures que l’on prend sur le chemin qui mène à la vie adulte, sur les interrogations par rapport à ce qui aurait pu se passer si telle ou telle situation avait évolué différemment. Et finalement, je trouve que c’est une histoire où il y a beaucoup de matière pour une réflexion bien intéressante.

Je vous incite à lire le billet d’ In Cold Blog, qui analyse très finement ce livre et  en propose de nombreux extraits ainsi que des liens vers des interviews de l’auteur.