lundi 28 avril 2014

La douce tranquillité des samedis

La douce tranquillité des samedisAlexander McCall
Éditions des deux terres (2009)
Traduit de l’anglais par Martine Skopan


Dans ce nouvel épisode, Isabelle tente d’aider un homme à retrouver sa dignité et à reprendre goût à la vie. Le docteur Moncrieff a été accusé d’avoir falsifié les données d’une étude concernant un médicament, et contribué ainsi, de manière indirecte, à la mort d’un patient. Suite au scandale qui a éclaté, le docteur Moncrieff a vu sa carrière stoppée net et il a sombré dans une dépression profonde. Sollicitée par son épouse Stella, persuadée de l’innocence de son mari, Isabelle ne peut qu’accepter d’enquêter  sur l’affaire, incapable de résister à un appel à l’aide, dès qu’elle a l’impression que des injustices ont été commises.
Pourtant, Isabelle aurait bien d’autres chats à fouetter : Elle a accepté de remplacer une nouvelle fois sa nièce Cat à la boutique épicerie fine-salon de thé qu’elle tient, ce qui lui occasionne une fois de plus quelques incompréhensions dans ses relations avec Eddy, l’employé. Le comportement de celui-ci reste toujours une énigme.
L’éthique d’Isabelle se trouve mise à mal dans son activité de directrice de revue lorsqu’elle reçoit un article de Christopher Dove, auquel elle n’a pas pardonné d’avoir essayé de prendre sa place dans l’équipe de rédaction. Doit-elle publier son article, même si elle ne le trouve pas digne d’intérêt, afin d’éviter d’être suspectée de partialité, étant donné leur passif ? Mais si elle le publie, ne cède-t-elle pas à une manipulation de Dove, qui souhaiterait profiter des  scrupules d’Isabelle, dont il est sans doute très conscient.
Et à titre personnel, Isabelle doit faire face à un sentiment nouveau pour elle, la jalousie. En effet, Jamie, son amoureux, a fait connaissance d’un jeune compositeur venu d’Amérique, et cette nouvelle relation provoque un certain malaise chez Isabelle et une crainte face aux changements qui pourraient en découler.


Encore une fois, Isabelle est sollicitée sur plusieurs fronts à la fois, et son existence calme et équilibrée est assez bousculée dans cet épisode. Comme d’habitude, après s’être lancée sur de fausses pistes, la jeune femme doit accepter de reconnaître ses erreurs, de revenir à la simplicité et de savourer la tranquillité retrouvée, une fois que les mystères sont éclaircis et que les malentendus sont levés !
Je continue ma lecture de la série Les enquêtes d'Isabel Dalhousie. Ce cinquième épisode est un peu moins passionnant que les autres, à mon goût. Ou bien c'est que je commence peut-être à saturer ? J'aime toujours autant l'humour de l'auteur sur la société écossaise qui pointe toujours derrière les péripéties d'Isabelle et c'est ce qui donne vraiment beaucoup de charme à cette série.

D'autres avis sur ce livre : Cécile et Clarabel qui découvre la série avec ce n°5.

dimanche 27 avril 2014

Le peuple d'en bas

Le peuple d’en basJack London
Éditions Phébus (1999) collection Libretto.
Traduit de l’anglais par François Postif
Introduction de Noël Mauberret.


En 1902, Jack London séjourne à Londres, afin d’explorer les bas-fonds londoniens et le quartier d’East End. Afin de vivre l’expérience par lui-même plutôt que de rapporter les propos des autres, il se déguise en clochard et s’intègre à la population locale, tentant de comprendre les rouages d’une société de misère au sein d’un Empire florissant.

C’est un constat terrible qui est dressé dans ce récit. Jack London montre comment les pauvres de l’East End n’ont aucune chance de sortir de l’enfer, de l’Abîme comme il le nomme. Ceux qui travaillent sont payés une misère, épuisant leur force vive à tenter de survivre, dans des logements insalubres et surpeuplés.

Lorsqu’ils ne peuvent plus payer leur loyer, ils se retrouvent à la rue et sont alors entrainés dans un cercle vicieux dont il est impossible de sortir. Ainsi, il est interdit de dormir la nuit dans l’espace public, la police s’emploie très efficacement à pourchasser ceux qui tentent de s’assoupir  dans la rue ou dans les jardins. Les sans-logis n’ont alors pas d’autre choix que de passer la nuit à errer dans le froid. Il faut donc le lendemain décider de chercher un travail, alors que l’on n’a pas dormi, ou faire la queue devant un asile dans l’espoir d’un abri pour la nuit suivante.

Jack London s’est aussi rendu à la campagne, dans les zones où l’on cultive le houblon. La récolte réclame beaucoup de bras, mais là aussi, les conditions de vie et de travail sont très difficiles et l’exploitation des ouvriers leur laisse peu de chances de sortir du cercle infernal de la misère.

Dans le dernier chapitre, Jack London compare la situation des Inuits à celle des habitants de l’East End londonien. Malgré la rudesse de la vie dans le Grand Nord, celle-ci lui semble mille fois préférable à l’horreur insoutenable de l’existence dans les bas-fonds londoniens du début du XXème siècle.

C’est une lecture qui fait froid dans le dos, qui décrit une réalité glaçante à laquelle je ne m’attendais pas en ouvrant ce livre, que m’avait offert Cryssilda dans le cadre du swap London en 2008. Merci à elle de m’avoir donné l’occasion de découvrir un autre aspect de l’œuvre de Jack London.



Lu pour le challenge Objectif Pal 2014 d’Antigone.







Un extrait (page 98), où London raconte sa nuit passée dans un asile, où il a réussi à se faire héberger, après plusieurs tentatives infructueuses :
Plusieurs heures s'écoulèrent ainsi avant que je fusse capable de trouver le sommeil. Il était seulement sept heures du soir, et les voix perçantes des enfants se firent entendre jusqu'à ce qu'il fût presque minuit, heure à laquelle ils cessèrent leurs jeux dans la rue. L'odeur était infecte et nauséabonde, mon imagination vagabondait, et ma peau même me donnait le sentiment que j'approchais des bords de la folie. De tous côtés, des grognements, des soupirs et des ronflements m'enveloppaient comme l'auraient fait les beuglements sourds de quelque monstre marin. Plusieurs fois, sous l'emprise d'un cauchemar, l'un d'entre nous, par ses cris d'épouvante, nous réveillait tous. Au petit jour, je fus tiré du sommeil par un rat ou je ne sais quelle bestiole qui trottait sur ma poitrine. Dans le passage rapide qui va du sommeil au réveil, avant de recouvrer la totalité de mes esprits, je poussai un hurlement à réveiller les morts. Je ne réussis malheureusement qu'à réveiller les vivants, qui m'abreuvèrent d'injures pour les avoir si discourtoisement dérangés.
Les avis d'Isil, d'EmiLie et d'Agnés.

vendredi 18 avril 2014

Chroniques de l'asphalte 1/5

Chroniques de l’asphalteSamuel Benchetrit
Publié chez Julliard (2005)

Samuel Benchetrit a décidé de raconter les trente premières années de sa vie en cinq volumes. Le premier de la série est sous-titré  « Le temps des tours ». L’auteur y évoque son enfance dans une cité de banlieue, dans une tour où il se passe toujours quelque chose, à chaque étage, dans l’ascenseur, dans le hall et même sur le toit.
C’est une peinture très vivante de la vie des cités qui ressort de ce livre, contée du point de vue de l’enfant qu’il est à ce moment-là : Les jeux entre gamins, les trafics divers au pied de la tour, les péripéties familiales des habitants de l’immeuble. A travers des épisodes cocasses ou dramatiques, Samuel Benchetrit décrit avec candeur les petites choses du quotidien, tout ce qui constituera plus tard les souvenirs d’une enfance banale, avec  sa dose de rêves et de frustration.

J’avais commencé ce livre avec un a priori un peu défavorable vis-à-vis de l’auteur et j’ai été agréablement surprise par la construction de ces chroniques et leur contenu, sans polémique aucune, c’est justement ce qui fait mouche et qui donne envie de lire les épisodes suivants.

D'autres avis trouvés sur le web ici ou .

samedi 5 avril 2014

Le bon usage des compliments

Le bon usage des complimentsAlexander McCall Smith
Editions des Deux Terres (2008)
Traduit de l’anglais par Martine Skopan

 
La vie d’Isabel a bien changé depuis l’épisode précédent puisqu’elle est maintenant mère d’un petit Charlie. Elle a d’ailleurs parfois du mal à s’imposer face à Grace, sa gouvernante, qui s’est transformée en une Nounou presque trop consciencieuse. Elle doit également faire face à une attaque en règle de sa position de rédactrice en chef de la Revue d’éthique appliquée, puisque le professeur Lettuce, le président du comité de rédaction, la licencie et veut la remplacer par Christopher Dove, un bellâtre qu’Isabel  n’apprécie pas. Bien décidée à ne pas abandonner la Revue pour laquelle elle a tant œuvré, Isabel s’interroge malgré tout sur l’éthique de la solution qu’elle a trouvée.
En parallèle à ces démêlés qui la touchent personnellement, Isabel se trouve confrontée à ce qui semble être une affaire de faux tableaux. Elle convoitait une peinture d’Andrew McInnes, un peintre décédé par noyade, vendue aux enchères mais c’est un autre acheteur qui l’emporte. Isabel est très surprise, quelques jours plus tard, de se voir proposer le tableau, par l’intermédiaire d’un ami commun. Elle se demande ce que cache ce revirement chez l’acheteur et la voilà de nouveau sur la piste d’un mystère, qui va une fois de plus lui donner l’occasion de s’occuper des affaires d’autrui. Toujours le même dilemme : Faut-il dire ou pas la vérité ?


J’ai beaucoup aimé ce quatrième épisode de la série des enquêtes d’Isabel Dalhousie. L’affaire du tableau réserve quelques surprises à Isabel, et au lecteur par la même occasion, et permet à l’histoire de sortir d’Édimbourg et de vagabonder dans la campagne et dans les contrées du nord de l’Écosse. Comme toujours, il y a beaucoup d’humour dans ces pages et j’apprécie tout particulièrement d’en apprendre toujours plus sur la culture écossaise, qu’il s’agisse des écrivains et des poètes, Auden par exemple, ou des peintres comme Peploe ou Vettriano.
Volontairement, je ne parle pas dans ce billet de Jamie, qui tient toujours une part importante dans la vie d’Isabel. Il faut bien laisser quelque chose à découvrir aux futurs lecteurs !

L'avis de Myrtille, illustré de quelques photos et peintures et celui de FondantOChocolat.