mercredi 28 juin 2017

L'insoutenable légèreté des scones

L’insoutenable légèreté des scones – Alexander McCall Smith

Éditions 10-18 (2014)
Traduit de l’anglais pad Nadège de Peganow


Ce cinquième tome des chroniques d’Édimbourg commence par un évènement heureux, le mariage de Matthew et d’Elspeth, auquel le marié lui-même a du mal à croire, tant il était persuadé de ne jamais réussir à rencontrer l’âme sœur. Ce qu’il n’aurait jamais imaginé non plus, ce sont les péripéties qui manquent de transformer leur lune de miel en Australie en un véritable drame. Et puis, sur le chemin du retour, une escale à Singapour et une visite à son oncle vont mettre Matthew face à la révélation d’un secret de famille.
 

À Édimbourg, pour ceux qui sont restés, les rebondissements ne manquent pas non plus. Domenica a enfin l’occasion, grâce à l’aide d’Angus, de récupérer la tasse de porcelaine que lui avait subtilisée sa voisine Antonia. Angus, quant à lui, se retrouve bien embêté le jour où il trouve au pied de son escalier six chiots, résultats d’une rencontre rapide mais fructueuse entre son chien Cyril et une chienne du quartier.  Domenica et lui sont également stupéfaits lorsqu’ils découvrent incidemment qu’Antonia se livre à un trafic répréhensible.
 

Pour Bertie, guère de changement ! Il espérait que le départ du Dr Fairbairn pour Aberdeen le libérerait des séances de psychothérapie mais c’était sans compter sans l’entêtement d’Irène qui tient à ce qu’il poursuive les séances avec le remplaçant de Fairbairn. Une lueur d’espoir, tout de même, car Bertie s’est mis en tête de devenir scout et d’intégrer les louveteaux et il va trouver un soutien inattendu auprès de son père face au refus d’Irène. Malheureusement pour lui, sa joie va être en partie gâchée par la présence d’Olive qui a réussi, elle aussi, à se faire accepter dans le mouvement.
 

Bruce subit aussi quelques contretemps dans sa vie personnelle. Alors qu’il se voyait déjà casé sentimentalement avec Julia et professionnellement auprès du père de celle-ci, une dispute avec la jeune fille remet tout en question. Revoilà Bruce à la rue, bien heureux de retrouver un ancien camarade de lycée, devenu photographe, qui lui propose de l’héberger et de faire de lui le nouveau visage de l’Écosse !

Big Lou est toujours contrariée par la présence chez elle du fameux prétendant au trône des Stuart mais heureusement, les frasques de celui-ci vont le contraindre à fuir vers les Highlands en compagnie de Robbie.
 

À son retour à Édimbourg, Matthew est attendu impatiemment par Angus car en son absence, Lard O’Connor lui a laissé en dépôt un tableau mystérieux. Angus a cru reconnaitre dans la peinture l’art de Sir Henry Raeburn et dans la figure du portrait la personne de Robert Burns, le grand poète écossais. Comment ce tableau est-il arrivé dans les mains de Lard ? Que faut-il en faire ?

Ah, il s’en passe des choses dans cet épisode ! Du drame, du burlesque, des situations exceptionnelles ou banales, il y en a pour tous les goûts. Comme toujours, à chaque fois, c’est l’occasion de s’interroger sur des questions essentielles, sur l’éthique, sur l’honnêteté, sur l’authenticité, mais également sur des petites choses sans importance, comme le bien-fondé de l’usage de la crème hydratante pour les hommes ! Toujours grâce à Bernie, le lecteur a l’occasion de replonger en enfance et d’observer avec un regard candide les faits et gestes des adultes, souvent bien déroutants !

Quelle série rafraîchissante !

lundi 26 juin 2017

Harry Potter à l'école des sorciers

Harry Potter à l’école des sorciers – J. K. Rowling

Gallimard Jeunesse (1998)
Traduit par Jean-François Ménard


Je l’ai entendu ce matin sur France-Inter et j’en ai trouvé des échos dans la presse : Aujourd’hui, il y a 20 ans exactement qu’a été publié le premier tome des aventures d’Harry Potter. Coïncidence, c’est aujourd’hui que je termine ma première lecture de ce roman pour la jeunesse, que pour une fois, mes enfants ont lu avant moi !

Eh bien, contrairement à ce qui se passe parfois lorsqu’on se décide à lire un texte encensé partout et qu’on ressent une petite pointe de déception, j’ai trouvé beaucoup de plaisir dans cette lecture et j’ai compris pourquoi ce premier épisode avait déclenché un tel engouement.

Je craignais une histoire compliquée, des personnages multiples aux noms biscornus et des créatures imaginaires toutes plus bizarres les unes que les autres ! Je me trompais, on entre doucement dans l’univers d’Harry Potter, un environnement assez banal au début puisqu’Harry ignore tout de ses dons et de son histoire familiale et on les découvre avec lui, au fur et à mesure, en douceur presque.

Contrairement aux films qui ont été tirés des romans - et dont j’ai vu certains, quand même – il y a dans ce livre beaucoup moins de choses qui font peur. Peu de sensationnalisme dans les descriptions, tout est vu au travers des yeux des enfants. La sagesse et la candeur d’Harry contribuent à installer une ambiance confiante et presque détendue, animée par les séances de Quidditch, les sorties de nuit dans la forêt interdite et les intrusions à l’étage expressément défendu !

Je termine donc ce premier tome, enchantée de ma lecture et prête à découvrir la suite. Mais je ne vais pas me précipiter car j’ai d’autres livres plus sérieux qui m’attendent sur ma table de nuit et qui sauront aussi, j’en suis sûre, me captiver !    

jeudi 15 juin 2017

Le monde selon Bertie

Le monde selon Bertie – Alexander McCall Smith

Éditions 10/18 (2010)
Traduit par Élisabeth Kern


Déjà presque six ans depuis ma dernière lecture des chroniques d’Édimbourg ! En commençant ce tome 4, Le monde selon Bertie, je me suis tout de suite retrouvée en terrain connu, avec l’impression de renouer avec de vieux amis ! Comment ai-je pu laisser passer tout ce temps !

Domenica est revenue de son expédition à Malacca et a repris possession de son appartement. À sa grande surprise, son amie Antonia, qu’elle avait hébergée pendant son absence, a acheté l’ancien appartement de Bruce, sur le même palier et elles se retrouvent donc proches voisines. Et bizarrement, Domenica n’apprécie pas cette proximité ! Mais, difficile de faire part de cette contrariété à Angus, très préoccupé lui-même car son chien, Cyril, est retenu à la fourrière, accusé d’avoir mordu des passants.
Pat est toujours étudiante et elle a regagné le domicile parental. Elle travaille quelques demi-journées par semaine à la galerie de Matthew, officiellement son petit ami. Mais elle s’interroge sur la tiédeur de leur relation, d’autant plus lorsqu’elle croit apercevoir Bruce dans la rue et qu’elle se souvient des sentiments qu’il lui inspirait, même si elle est certaine de ne plus succomber à son charme. Matthew se pose lui aussi des questions sur sa vie sentimentale et professionnelle, surtout lorsqu’il compare son existence à celle de Big Lou, la tenancière du café près de sa galerie d’art. Celle-ci semble avoir retrouvé l’amour en la personne de Robbie, mais les amis jacobites de celui-ci, c’est-à-dire nostalgiques du règne des Stuart, lui sont un peu moins sympathiques.
Pat ne s’est pas trompée, Bruce est bien de retour à Édimbourg, après un séjour londonien qui n’a été qu’un demi succès, et il compte bien reprendre ses habitudes dans sa ville qui ne lui paraît plus aussi terne et sans intérêt, finalement. D’ailleurs, la rencontre avec Julia Donald, une jolie fille à papa, lui offre de belles perspectives, à la fois amoureuses et professionnelles. On dirait que la chance lui sourit de nouveau !
Et puis, n’oublions pas Bertie, qui espérait tant de l’arrivée de son petit frère et qui doit déchanter très vite ! En effet, Irène, sa mère, malgré toute l’attention que suscite Ulysse, n’a pas du tout réduit ses attentes vis-à-vis de son fils ainé. Il lui faut toujours subir les cours d’italien et de saxophone et les séances chez le psychothérapeute. Bertie est d’ailleurs interpellé par la ressemblance entre Ulysse et le Dr Fairbairn et surpris par les réactions d’Irène, de Stuart et du docteur lorsqu’il leur fait part de ses observations. À l’école, la situation reste compliquée car Bertie est confronté à l’insistance d’Olive, une petite camarade de classe autoritaire et manipulatrice, qui réussit à se faire inviter chez Bertie alors qu’il ne souhaite qu'a l’éviter. La vie n’est pas facile quand on n’a que six ans !


J’ai retrouvé ces chroniques écossaises avec plaisir. Elles retracent des évènements sans importance, des petits bonheurs furtifs et des contrariétés quotidiennes, les petites choses de la vie qui s’écoule paisiblement, les interrogations de certains qui sentent bien qu’il leur manque on ne sait quoi pour être complètement heureux et les certitudes d’autres qui ont l’assurance d’être parfaits.

Il se dégage toujours autant d’humour de ces épisodes et encore, je suis certaine de passer à côté de beaucoup de choses, moi qui ne suis pas familière de l’Écosse et encore moins d’Édimbourg ! La plume d’Alexander McCall Smith est agréable, caustique quand il le faut mais pleine de tendresse pour ses personnages que j’ai hâte de retrouver dans le prochain opus !

lundi 5 juin 2017

Un café maison

Un café maison – Keigo Higashino

Traduit du japonais par Sophie Refle
Actes Sud (2012)


Résoudre un crime parfait, c’est à cela que sont confrontés l’inspecteur Kusanagi et sa collègue Kaoru Utsumi. 
Qui a empoisonné Yoshitaka Mashiba en mettant du cyanure dans son café ? Et surtout, comment l’assassin a-t-il procédé ? 
Il y a évidemment des suspects, à commencer par l’épouse de la victime, Ayané, d’autant que son mari venait de lui annoncer qu’il allait la quitter car elle ne lui avait pas donné d’enfant en un an de mariage. Mais l’inspecteur Kusanagi ne peut croire en sa culpabilité et d’ailleurs, elle a un alibi inattaquable : elle se trouvait chez ses parents à Sapporo, où elle était allée passer quelques jours après l’annonce de son mari. Il pourrait aussi s’agir de Hiromi Wakayama, l’assistante d’Ayané mais également maitresse de Yoshitaka. Mais quel intérêt aurait-elle eu à empoisonner son amant, alors qu’elle porte son enfant et qu’il s’apprêtait à quitter sa femme pour elle ? 
Encore une fois, les policiers vont devoir se faire aider par Manabu Yukawa, le directeur du laboratoire de physique de l’université et accepter de mettre leurs à priori de côté pour envisager toutes les hypothèses, même les plus improbables.

Ce roman de Keigo Higashino ressemble beaucoup à une autre enquête du même auteur, Le déroulement du suspect X, tout du moins dans son processus de résolution. Là, on connaissait le coupable et le suspens était de savoir si la police allait réussir à le trouver.
Ici, dès les premières pages, Higashino fournit au lecteur un très gros indice, presqu’un aveu de la part de la principale suspecte, pour aussitôt noyer les pistes sous un ensemble d’alibis et d’incapacités matérielles contradictoires, ce qui fait que le lecteur ne sait plus où il en est. On suit alors avec jubilation le cheminement de Yukawa, qui va devoir exercer toutes ses compétences d’imagination, de déduction et de persuasion pour élucider ce crime parfait et convaincre les deux policiers de son approche.

Une réussite que ce roman, en particulier grâce à l’étude psychologique des personnages qui rend la victime si antipathique et suscite une certaine empathie pour son assassin, même si son côté calculateur peut rétrospectivement faire froid dans le dos.